La communauté du lac Beaulne – des gens « malcommodes »

La saga du barrage du lac Beaulne

Il paraît que les gens du lac Beaulne à Chertsey ont la réputation d’être malcommodes : Ils ont exigé l’interdiction des bateaux à moteur sur le lac; ils refusent d’abaisser le niveau d’eau en automne pour permettre des réparations de quai en béton; et là, ils osent dire NON au projet de la firme Cima+ pour construire un nouveau barrage en béton au coût de 780 000 $ avec l’aval de la municipalité.

Barrage en béton

Cima+ impliqué dans 14 réhabilitations de barrage à Chertsey

Défier la grande firme d’ingénieurs Cima+ n’est pas une mince affaire ! Cette firme a reçu plein de mandats de la municipalité presqu’en exclusivité, aboutissant à des dizaines de millions de dollars de dépenses pour la ville de Chertsey ! C’est beaucoup d’argent pour une municipalité reconnue comme une des plus pauvres au Québec.

Une alternative pour le tiers du prix

Les gens du lac Beaulne n’ont pas plié l’échine face au projet de barrage Cima+ qui devait augmenter leurs taxes pendant 40 ans ! Ils se sont montrés sceptiques vis-à-vis des affirmations des ingénieurs de Cima+ voulant que les coûts pour un barrage seraient essentiellement les mêmes que les coûts pour un barrage avec chemin dessus (« peut-être des glissières en plus »). Et ils n’étaient pas chauds à l’idée d’un gros barrage en béton.

Nous assistons ici à un modèle de collaboration citoyenne : des personnes engagées et intègres qui n’abandonnent pas face à l’adversité et effectuent eux-mêmes le travail de recherche de solutions que normalement est fait par des professionnels qui sont, en plus, payés pour le faire.

Ces braves gens ont fini par trouver une alternative en enrochement à seulement 278 000$ ! La proposition vient d’une petite firme d’ingénieurs – une Coop à but non lucratif – qui a à cœur de trouver des solutions en accord avec la Nature.

Barrage en enrochement

Seul un conseiller s’est démené pour les citoyens

Malheureusement, le conseil n’était pas très à l’écoute de ses citoyens. Seul un conseiller, Sylvain de Beaumont, a été attendri par le cri du cœur des gens de son district. Il s’est dit :

« Nous devons écouter les citoyens !
Nous sommes là afin de travailler pour eux et non contre eux ! »

Son soutien était grandement apprécié, car malgré l’évidence des avantages de cette alternative, la municipalité soutenait le projet de Cima+ jusqu’à son rejet définitif par référendum (94% des voix). C’est alors que le conseil a mandaté la firme Rappel à produire des plans pour un barrage alternatif.

Si un tel barrage se fait construire au lac Beaulne cela aura des répercussions pour tous les autres projets de barrage à Chertsey (visitez le site Mabchertsey.org pour plus d’infos).

Vous allez dire que c’est un Happy End ?

Oh non, pas encore. Il y a d’autres combats à livrer car les plans – reçus par la municipalité le 17 mai – n’ont toujours pas été envoyés aux ministères concernés. Pourquoi pas ? C’est là la question à un million de dollars. Pourtant, les plans de Cima+ avaient été envoyés tout de suite. Les responsables, ne savent-ils pas que tout retard diminue les chances d’obtenir une subvention, aussi pour les autres barrages à Chertsey ?

Une seule chose est certaine, c’est que le lac Beaulne n’aura pas son nouveau barrage cet automne. Et puis une deuxième chose : les gens du lac Beaulne vont continuer à être malcommodes, s’il le faut.

– Margit Reimer

8 réflexions au sujet de “La communauté du lac Beaulne – des gens « malcommodes »”

  1. Parfaitement il faut prendre en compte l’avis des citoyens, les élus sont en place pour représenter les citoyens et non les combattre, De très bonne idées et solutions peuvent en ressortir. Les contrats à prix exorbitant et ne respectant pas le désir des citoyens, le respect de la nature et à coûts exorbitants ne devraient pas être ceux retenus par les élus. Nous devons prendre en compte les alternatives viables respectueuses de la nature et de l’environnement.

  2. BRAVO à tous les gens du lac Beaulne qui ont trouvé une solution acceptable ensemble!!! BRAVO aussi à Sylvain de Beaumont, le seul conseiller à avoir apporté son soutien aux citoyens dans le plus important dossier de la municipalité sur le plan financier !!!

    J’ajouterais que même si Michèle Joly a déposé une pétition pour que les barrages soient subventionnés par le gouvernement provincial, cela passe à côté du vrai problème, soit la surfacturation éhontée des grosses firmes d’ingénierie apparaissant comme mafieuses aux yeux de plus en plus de citoyens.

  3. Ça sent la déclaration d’allégeance politique, à 2 pas des élections municipales…
    Je trouve le commentaire de Diane un peu mesquin pour Michèle Joly, laquelle ne ménage pourtant pas ses énergies dans son engagement comme conseillère. En tant que telle, elle ne peut porter à elle seule l’odieux de ce choix très mal avisé et de cette tentative de nous le faire avaler (Cima+).
    Que Sylvain de Beaumont ait été le seul a supporter (et non porter l’étendard) la cause du lac Beaulne ne peut être un incitatif pour le porter aux nues. Depuis sa sortie où il a publiquement pris position contre le conseil municipal dans la “saga” des vtt – combat pour lequel nous lui devons d’avoir eu gain de cause – , ce conseiller honni a eu de la difficulté à trouver sa place auprès d’un maire outragé… À tel point qu’il a pris la décision de se présenter à la mairie, avec dans son équipe, nul autre que le président du club de vtt Paradis du quad Ouareau Stéphane Bourgoin… Ça laisse un peu perplexe non?

  4. Je trouve que Serge a bien raison d’être perplexe. Je suppose que M. Bourgoin a choisi la liste électorale où il aura la meilleure écoute pour réaliser son projet de sentiers de VTT.
    M. de Beaumont est à l’écoute de TOUS ses citoyens: il est écologiste au lac Beaulne ET il va transformer le village de Chertsey en paradis du VTT.

  5. Mme Joly, à mon avis, a probablement de bonnes intentions, mais je continue de croire que quémander au provincial ne règle pas le problème de fond, soit la surfacturation de Cima+: du vol pur et simple. Cette firme a d’ailleurs été reconnue coupable de surfacturation en 2016.

    À 300 000 $ par barrage, l’argent est déjà disponible dans les coffres de la municipalité grâce à la taxe environnement instaurée initialement pour cela. À 800 000 $ par barrage, c’est clair qu’il faudra emprunter avec intérêts et payer pendant très très longtemps.

    Donc, rien de mesquin dans mon commentaire précédent, je parle de la problématique des barrages. Point à la ligne. On ne peut pas en dire autant de certaines personnes ici qui, au lieu d’approfondir le sujet de l’article, font justement de la politique électorale…

  6. Mme Joly n’a pas quémandé au provincial, elle a recueilli une pétition qui demande au provincial (…). Sans entrer dans le jeu des comparaisons, son implication (comme conseillère) n’a rien à envier à aucun (e) des conseiller (ères) du village. Je ne sais pas si c’est faire de la politique électorale mais je crois qu’il est juste et honnête de “redonner à César…”.
    Entièrement d’accord pour la saga des barrages et Cima+, mon commentaire d’avant est sans équivoque sur ce point.
    J’ai relu tous les articles pour tenter de trouver qui pouvait faire de la politique électorale, rien qui permet de l’affirmer. Que des opinions, des points de vue, des faits, etc. Ton propos sur ce point laisse penser que tu prêtes des intentions à quelqu’un…
    Et pour finir, dans ton propose de 13 h 40, tu encenses Sylvain de Beaumont et tu minimise le geste de Mme Joly. Enfin, c’est l’impression que ça donne…
    Salut.

  7. Pour en revenir au sujet de l’article, c’est le même scénario pour le barrage du lac à l’Orignal.

    Les citoyens ont eux-aussi été “malcommodes” en disant NON majoritairement au projet béton Cima+ à 780 000 $. Au printemps passé, le maire s’est engagé lors d’un Zoom houleux (entre les conseillers) envers les gens du Comité des riverain.e.s du Lac à l’Orignal, dont je suis le porte-parole.

    La municipalité devait faire faire une nouvelle étude par la même Coop à but non lucratif si les plans du lac Beaulne étaient acceptés par le ministère. Or, vu que ces plans semblent toujours retenus par la municipalité, les travaux au lac à l’Orignal sont aussi à l’arrêt et à risque de ne pas obtenir de subvention.

    En plus, une quelconque subvention ne serait même pas nécessaire si les coûts étaient raisonnables et payés entièrement par le fonds environnement prévu initialement à cet effet.

  8. Donc, subvention ou pas, si la municipalité se montrait raisonnable, il ne serait même pas question de contestation. Alors, qu’est-ce qui peut empêcher la municipalité de l’être (raisonnable) ? La question est posée.
    Cela me ramène au maire actuel et son style de gestion que je perçois quelque peu autocratique (euphémisme). Souvenons-nous des vtt, des 2 parcs à Chertsey (projet sans consultation réelle pour lequel 5000$ ont été accordé à un sous-contractant pour mettre tout ça sur papier et il en ressort quoi?), des barrages bien sûr, des panneaux de bienvenue à 80 000$ et sans doute quelque autre projet que j’oublie ou dont je n’ai pas eu connaissance. Aucun de ces projets n’à fait l’objet d’un consensus social, au contraire, tous ces projets ont été décriés par une (petite) partie de la population, citoyens engagés et toujours trop peu nombreux malheureusement. Les barrages ont été les catalyseurs d’une ferveur populaire que les autres causes ne suscitent pas. Il est bien connu que si l’on veut obtenir des réactions de la part des citoyens (dont je suis), il n’y a qu’à toucher à leur porte-feuille et cette cause touche le porte-feuille de chaques citoyen (ne) propriétaire de Chertsey.
    Si je comprends bien, le maire s’est engagé mais rien ne débouche? Pourquoi cela bloque t-il? Est-ce-que l’intéret personnel de quelque membre du conseil primerait sur l’intérêt collectif des citoyens?
    La participation citoyenne demeure selon moi l’alternative qui est la seule prometteuse de croissance, non pas économique (sans l’empêcher), mais personnelle et sociétale. Encore faut-il que les élus réussissent à stimuler suffisamment la population pour que celle-ci s’engage. Une condition sine qua non est que les tenants du pouvoir doivent faire preuve d’un développement personnel suffisemment avancé pour transcender le besoin de pouvoir qui anime généralement les élus dominants et qui les transforme en autocrate…

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