Lettre d’opinion
C’est le gros titre du journal L’Action du 17 novembre et ça se passe à Chertsey.
Les journalistes et les politiciens font depuis des années de la publicité gratuite aux réseaux sociaux. À une époque pas si lointaine chaque reportage à Radio-Canada se terminait par la phrase « Allez voir sur notre page Facebook où c’est beaucoup mieux ». Les journalistes ont fini par comprendre que le jour où tout le monde prendrait son information sur Facebook on n’aurait plus besoin d’eux. Les politiciens n’ont pas encore compris.
Je suis contre le vandalisme et la cyberintimidation mais comme j’évite Facebook je n’ai pas ce problème. Personne n’est obligé d’y aller, c’est une servitude volontaire. La meilleure façon pour les politiciens d’échapper à la cyberintimidation c’est de ne pas s’occuper des réseaux sociaux et de trouver des alternatives.
Pour l’élection de 2021 trois membres de l’ancien conseil municipal de Chertsey qui n’avaient pas réussi à s’entendre pendant quatre ans se sont disputé la place de maire. Ils avaient eu le temps de se préparer, écrire noir sur blanc leur programme sur une plateforme indépendante qu’ils auraient pu contrôler pour le diffuser en débattant pacifiquement avec les citoyens de Chertsey pour trouver des idées constructives.
Je n’habite plus Chertsey mais d’après ce qu’on m’a raconté la campagne électorale s’est plutôt faite sur Facebook. Aucun des 3 candidats n’a fait l’effort ou n’a eu l’imagination de faire autrement. En fait c’est plutôt amusant, le gros de la campagne se serait fait sur Spotted Chertsey et le jour où le Journal de Montréal a publié que M. de Beaumont était sous enquête (pas encore jugé) le modérateur de Spotted Chertsey a tout simplement décidé de le flusher sans rien lui demander. C’est la démocratie directe version Facebook mais c’est évident que ça ne crée pas l’harmonie dans un village. Et ça ne va pas être gai pour les quatre prochaines années puisque 2 candidats se sentent frustrés.
Il n’y a pas d’excuse au vandalisme et à la cyberintimidation mais je crois que certaines municipalités sont plus affectées que d’autres. Et que les élus, en sachant établir des moyens de débattre sans que les réseaux sociaux ne prennent toute la place ont une grosse responsabilité.
Pourquoi une municipalité aurait-elle besoin de Facebook? Moi je ne veux pas aller sur Facebook mais je veux pouvoir participer à la vie municipale.
Déjà en 2017 le conseil municipal de Chertsey s’était fait élire avec comme programme d’être honnête et à l’écoute des citoyens sans trop de précisions. Quelques mois plus tard on a découvert le programme qui consistait à transformer Chertsey en paradis du loisir motorisé, comme ça du jour au lendemain sans aucune consultation. Beaucoup de citoyens n’ont pas très bien compris et ont demandé des explications. J’ai personnellement écrit un article signé de mon nom (pas un commentaire anonyme sur Facebook) pour dénoncer ce manque d’éthique en soulignant que les citoyens de Chertsey auraient dû être consultés; d’autant plus que le président du club VTT concerné s’était présenté dans l’équipe du maire et avait été battu. La loi dit bien qu’un citoyen a le droit de dénoncer une apparence de conflit d’intérêt. J’ai donné des arguments logiques et pertinents sans insulter personne pour débattre d’un sujet concernant toute la population.
Le conseil municipal de Chertsey unanime a quand même décidé de me faire taire en m’envoyant une mise en demeure légale. Je me suis tu puisque aucun citoyen de Chertsey n’est venu m’aider (je ne suis pas sur Facebook). Mais la chicane a continué et le règlement a finalement été annulé, je n’étais donc pas fou.
Les 3 candidats à l’élection de Chertsey se plaignent des insultes anonymes reçues sur Facebook, ils ont bien raison. Mais du coup je me demande pourquoi je suis le seul dans tout le village à avoir reçu une mise en demeure de leurs avocats pour avoir oser m’exprimer ouvertement!
J’ai habité Chertsey 8 ans mais j’ai déménagé. Une des raisons était que je trouvais la politique municipale trop conflictuelle.
Facebook tue le journalisme, il tue aussi la démocratie et le petit commerce.
Autrefois quand on expliquait aux gens qu’ils faisaient le Mal, soit ils changeaient leurs habitudes, soit ils avaient du remords. Je ne suis pas pour le retour des curés mais c’est quand même triste quand plus personne n’a d’éthique personnelle. Facebook c’est pratique et confortable mais comme la pollution ça tue la biodiversité, c’est donc globalement malsain et à éviter si on a une conscience morale.
Les politiciens voudraient avoir tous les avantages des réseaux sociaux sans leurs inconvénients, comme les journalistes autrefois. Il faudra bien qu’ils comprennent eux aussi que ce n’est pas possible.
– Guillaume Petit